Passionnée de design et de décoration, avant de lancer liliberty, je parcourais déjà la blogosphère à grosses enjambées! Il y a une chose qui me choque régulièrement au point de me faire faire des bons sur ma chaise…! Comment autant de blogueurs design et déco peuvent-ils s’afficher avec des copies de designer? De la même manière, accepterait-on qu’une blogueuse mode se pavane avec une copie de grand couturier? Je ne pense pas!
Et si on faisait un petit tour de la question?
On la voit dans tous les magazines, elle se décline dans de multiples piétements et dans de nombreuses couleurs, je veux bien sûre parler de la chaises DSW/DSR/RAR/DAX/DAW/etc… de Charles et Ray Eames. Qui dit chaise de designer dit prix souvent plus élevé. Certes nous n’avons pas tous les moyens de dépenser au moins 350€ pour une chaise mais est-ce une bonne raison de tomber dans l’illégalité?
Par ce que oui! acheter une copie est totalement illégal! En achetant du faux l’acheteur peut être accusé de recel de contrefaçon et risque ainsi trois ans d’emprisonnement et 300000€ d’amende. Finalement ça fait cher la copie!
Lounge Chair & Ottoman, 1956 – Eames Plastic Side Chair DSW, 1950
Charles & Ray Eames
Même pas peur de la justice! Mais qu’en est-il de l’amour de l’objet?
Certains me diront qu’acheter une copie c’est un moyen de rendre hommage au créateur tout en ayant l’impression de faire une bonne affaire. Mais détromper vous, une contrefaçon sait imiter le style de l’objet, son intention et parfois même son nom, mais ne réussira jamais à copier le travail de recherche sur les dimensions de l’objets ou sur ses matériaux. Les finitions sont souvent incertaines voire inexistantes et le confort ne sera jamais le même.
Il existe deux types de copie. Le premier est « acceptable » puisque ce sont des copies d’inspiration. Le but n’étant pas de se faire passer pour un original ou de tenter de s’en rapprocher, son but est de rappeler l’allure des pièces iconiques. Ce qui me dérange c’est qu’elles y font clairement référence… Ce sont les pièces que l’on retrouve dans la grande distribution.
Le deuxième type de copies trompe clairement le consommateur, pas toujours aguerri. Elles se font passer pour ce qu’elles ne sont pas. Ce sont les pièces que l’on retrouve sur internet, souvent sur des sites basés en Angleterre (la législation sur les copies n’est pas la même de l’autre côté de la manche…).
Eames Plastic Armchair DAX – Charles & Ray Eames, 1950
Pourquoi un tel engouement pour les copies?
De toute façon, les vrais amoureux du design n’achètent pas de copies, ils désirent un original pour sa signature, son histoire et la magie qui s’en dégage.
tranche Georges Savinov, directeur de Flos France.
Mais en ces temps de crise je ne suis pas sûre que cet argument soit toujours valable… Aujourd’hui la décoration est accessible à tous. Avec l’émergence des grandes enseignes de décorations et des magazines et blogs qui se multiplient à une vitesse folle, tout le monde a accès à une décoration aussi jolie que personnalisée. Mais avec la démocratisation de la décoration c’est le goût pour l’artisanat de qualité qui s’est un peu perdu en chemin. Nous avons souvent tendance à oublier que si tout ces meubles sont devenus mythiques, c’est parce qu’ils ont apporté quelque chose de nouveau en matière de confort, d’ergonomie et d’esthétique.
En résumé: 5 bonnes raisons de fuir les copies de designer:
1 Un original est fabriqué dans le respect de la démarche du designer. Sa qualité est donc irréprochable, tant sur le plan des finitions que de la résistance des matériaux.
2 Un original respecte les normes européennes de sécurité. Ce qui est plutôt indispensable pour éviter la casse prématurée de l’objet et parfois éviter de se blesser soi-même.
3 Acheter une pièce de designer est un investissement. Contrairement aux copies, le jour où vous vous serez lassé de votre DSW, vous pourrez la revendre sans perdre un centime. Certaines pièces prennent même de la valeur!
Butterfly Stool – Sori Yanagi, 1954
4 Les éditeurs proposent des garanties et un service après vente irréprochable, et proposent des réparations soigneuses.
5 Acheter un original c’est soutenir la création. Pour chaque pièce vendue, une somme part pour le créateur, le reste ne sert pas à engraisser les maisons d’édition mais surtout à soutenir et lancer les jeunes designers et à produire de nouveau modèles.
Je rajouterai (en sachant que ce n’est pas un argument) qu’un passionné et un collectionneur d’art ou de design n’aura jamais aucun plaisir à posséder un faux!
Lampe Ripple par Poetic Lab
Mais que faire alors?
Aujourd’hui quand on a des goûts de luxe mais des petits moyens comme moi, des solutions pour ne pas tomber du côté obscure de la force du design existent.
Pensez aux petits créateurs.
Aujourd’hui il est très facile de trouver des pièces uniques en passant par le biais de jeunes créateurs qui ne cherchent qu’à se faire connaître. Vous n’avez qu’à parcourir les sites etsy et a little market pour vous en apercevoir. Instagram est également une vraie mine de créateurs !
Enfin, certaines grandes enseignes proposent régulièrement des partenariats avec certains d’entre eux. Par exemple, monoprix présente régulièrement des collections capsules de mode mais aussi pour la maison confectionnée en association avec des designers plus ou moins renommés (à quand l’association avec les frères Bouroullec ????).
Vu sur Etsy
Chouette Fabrique – Atelier Compas –Mtren design
IKEA ou le design démocratique et abordable.
On ne présente plus le géant suédois. Ce que l’on sait moins c’est qu’il fait appel pour chaque objet et meuble qu’il édite à de vrai designers. Ikea propose lui aussi des collections capsules mais en collaboration avec de grands noms de l’art ou du design. Par exemple, l’an passé la collection sinnerlig était née de l’imaginaire d’Ilse Crawford (créateur de l’année 2016 au salon Maison&Objets de septembre dernier, entre autres). Ikea proposera au cours de 2017 un partenariat avec HAY, la marque de design danoise, ou encore avec Tom Dixon, rien que ça! (je vais passer mon année 2017 chez ikea…)
SVÄRTAN collection en édition limitée – Ikea en collaboration avec Martin Bergström
Maison du monde remet pierre Gariche sur le devant de la scène.
Depuis maintenant deux ans, maison du monde distribue une réédition abordable de l’emblématique chaise coquillage en fibre de verre du désigner des années 50, Pierre Guariche. Vous y trouverez également sa chaise tonneau en cuir ainsi que son bureau président en teck.
Chaise tonneau – chaise coquillage
Pierre Guariche chez Maison du monde
La patience est d’or.
Et si toute ces solutions ne résolvent pas votre problème, si c’est toujours et uniquement la DSW de Eames que vous voulez, vous pouvez vous armer de patience et l’acheter chez un VRAI revendeur Vitra après 10 ans d’économie (il va falloir être très patient!).
Mais si vous êtes, comme moi, passionnés de chine dominicale et adeptes des recherches sur le bon coin, vous trouverez sûrement votre bonheur à un bon prix! J’ai pu acheter mes quatre chaises VÉRITABLES Eames en fibre de verre des années 1950 au prix magique de 500€ (les quatre!). Elles n’ont rien à envier aux chaises des grandes enseignes! Le secret? Patience, ténacité et négociation !
Photographie et dessin ©Lili Valette
J’espère vous avoir convaincu. Si vous avez d’autres astuces pour profiter du magnifique travail des designers sans être obligé de vendre un rein, n’hésitez pas à le partager en commentaire !
Hello,
Je suis contre les copies sur les créations récentes de designer . Mais par contre, pour les autres la protection est dépassé, c’est pour cela que les magasins peuvent se permettre la copie d’une chaise Eames, copie légale.
Je crois que tu peux protéger ta création pendant 25 ans si mes souvenirs sont bons, mais peut être que je me trompe :/
C’est vrai passé 25ans le brevet tombe dans le domaine public. Mais c’est 70 ans pour la propriété intellectuelle et le droit exclusif pour Vitra de vendre une chaise DSW, par exemple, est à vie si il est renouvelé tout les 10 ans.
Ce que l’on trouve dans les magasins qui ne sont pas de revendeurs officiels sont des inspirations et évoque seulement l’original. Je ne suis pas contre les inspirations au contraire elles permettent à tous d’avoir de jolies choses chez soi. Mais ce ne sont en rien des VRAI pièces de designer (à proprement parlé).
Je suis d’accord avec toi. Je me suis mal exprimée je pensais « inspirations » et non « copies » pour les magasins 🙂